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Hugo "La charge des cuirassiers de Waterloo" |
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La charge des cuirassiers de Waterloo Hugo avait
réunit de nombreux documents sur cette bataille Il
s'était rendu comme il avait coutume de le faire pour
nombre de ses écrits sur les lieux de ce combat et
s'étant imprégné de cet espace il y avait écrit une
partie de ce texte. |
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La charge des
cuirassiers de Waterloo |
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lls étaient trois mille cinq cent, Ils faisaient un front d'un quart de
lieu. C'était des hommes géants sur des chevaux colosses. Ils avaient
vingt-six escadrons, et ils avaient derrière eux, pour les appuyer, la
division de Lefebvre Desnouettes, les cent six gendarmes
d'élite, les chasseurs de la garde, huit cent quatre-vingt lances. Ils
portaient le casque sans crins et la cuirasse de fer battu, avec les
pistolets d'arçon dans les fontes et le long sabre-épé.
Le matin toute l'armée les avait admirés quand, à neuf heures, les clairons sonnant, toutes les musiques chantant, Veillons au salut de
l'empire, ils étaient venus, colonne épaisse, une de leurs batteries à
leur flanc, l'autre à leur centre, se déployer sur deux rangs (...) Toute
cette cavalerie, sabres levés étendards et trompettes au vent, formée en
colonnes par division, descendit, d'un même mouvement et comme un seul
homme, avec la précision d'un bélier de bronze qui ouvre une brèche, la
colline de la Belle-Alliance, s'enfonça dans le fond redoutable où tant
d'hommes déjà étaient tombés, y disparut dans la fumée, puis, sortant de
cette ombre, reparut de l'autre côté du vallon, toujours compacte et
serrée, montant au grand trot, à travers un nuage de mitraille crevant
sur elle, l'épouvantable pente de boue du plateau de Mont-Saint-Jean.
Ils
montaient, graves, menaçant imperturbables, dans les intervalles de la
mousqueterie et de l'artillerie, on entendait ce piétinement colossal.
Étant deux divisions, ils étaient deux colonnes ; la division Wathier
avait la droite, la division Delors avait la gauche. On croyait voir de
loin s'allonger vers la crête du plateau deux immenses couleuvres
d'acier. Cela traversa la bataille comme un prodige. Rien de semblable ne
s'était vu depuis la prise de la grande redoute de la Moskova par la grosse cavalerie ; Murat y manquait, mais Ney s'y retrouvait. Il semblait que cette masse était devenue monstre et n'eût qu'une âme
(...)
Ces
récits semblent d'un autre âge. Quelques chose de pareil à cette vision
apparaissait sans doute dans les vieilles épopées
orphiques racontant les hommes-chevaux, les antiques hippanthropes, ces
titans à face humaine et à poitrail équestre dont le galop escalada
l'Olympe, horribles, invulnérables, sublimes ; dieux et bêtes (...)
Les cuirassiers se ruèrent sur les carrés anglais Ventre à terre, brides
lâchées, sabre aux dents, pistolets au poing, telle fut l'attaque. Il y a
des moments dans les batailles ou l'âme durcit l'homme jusqu'à changer les
soldats en statue, et où toute cette chair se fait granit.
Les bataillons anglais, éperdument assaillis, ne bougèrent pas alors ce
fut effrayant.
Cette froide infanterie demeura impassible. Le premier rang, genou à terre,
recevait les cuirassiers sur leurs baïonnettes, le second rang des
canonniers chargeaient les pièces, le front du carré s'ouvrait, laissait
passer une éruption de mitraille et se refermait. Les
cuirassiers répondaient par l'écrasement.
Leurs chevaux se cabraient sautaient par dessus les baïonnettes et
tombaient, gigantesque, au milieu de ces quatre murs vivants. Les boulets
faisaient des trouées dans les cuirassiers, les cuirassiers faisaient
des brèches dans les carrés. Des files d'hommes disparaissaient broyées
sous les chevaux. Les baïonnettes s'enfonçaient dans le ventre des centaures
(... )
La figure de ce combat était monstrueuse.
Ces carrés n'étaient plus
des bataillons, c'étaient une tempête.
Victor Hugo |
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Notre Dame de paris d'après Victor Hugo. |
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La
charge des cuirassiers de Waterloo |
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